By SOHOU Zacharie, DOSSOU-BODJRENOU Joséa, VAN WAEREBEEK Koen & SINSIN Brice

L’Institut de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (IRHOB) et le Laboratoire d’Ecologie Appliquée de la FSA/UAC, ont entrepris depuis 2000, sur financement des Pays-Bas et du CBDD, des travaux de suivi des cétacés du Bénin, sous la conduite de l’ONG ‘’Nature Tropicale’.

On suit essentiellement des Baleines qui font partie de la grande famille des mammifères (particulièrement de la famille des cétacés). Les Dauphins sont aussi des mammifères marins que l’on rencontre sur les côtes béninoises et dans le Golfe de Guinée en général.

Baleine échouée sur la plage de Sèmè (en putréfaction avancée) (Source : Nature Tropicale)

Méthodes d’observation

Le suivi des cétacés se fait régulièrement sur les plages à l’aide des écogardes et en mer avec les pêcheurs et lors des campagnes. La zone d'étude s’étend sur le littoral béninois, de kraké-plage à hilla-condji plage et le plateau continental béninois.

La méthode utilisée est la requête d’information par l’intermédiaire des Ecogardes, formés par l’ONG Nature Tropicale. Des pêcheurs sont formés pour donner l’alerte lors de l’apparition ou de l’échouage d’un cétacé. Pour l’identification nous observons les photos prises sur place. Après, ils sont envoyées à l’IRHOB pour déterminer l’espèce en question, en utilisant des guides pour cette détermination (Stephen L. & al., 1988).

Des sorties annuelles sont organisées par Nature Tropical pour faire découvrir ces espèces aux publiques dans le cadre de l’écotourisme. Ces initiatives visent à développer la filière de l’écotourisme autour des cétacés. Cette activité peine à décoller à cause du coût de participation élevé pour la population locale. Depuis l’année 2000 où nous avons commencé les travaux de recherche sur les cétacés, leurs suivi est une activité permanente avec l’aide des pêcheurs qui renseignent sur les différents échouages le long des côtes béninoises.

Plusieurs espèces de cétacés menacées

Depuis plusieurs années, nous constatons des échouages permanents sur les plages et le comportement des populations riveraines vis-à-vis de ces espèces a considérablement changé. Ce sont des espèces protégées dans certaines localités du Bénin. Ces populations les considèrent comme totem; d'où la nécessité de coopérer avec eux pour la conservation de ces espèces (Sohou Z., Nobime G., Tchibozo S., rapport d’étude 2000). En plus, il faut veiller à la conservation de ces espèces en association avec les pêcheurs marins.

Toutefois, une action sous-régionale soutenue doit être mis en œuvre parce que ce sont des espèces partagées entre plusieurs pays. Plusieurs observations ont été faites lors des différentes campagnes océanographiques menées en 2000, 2001 et 2002. Selon les résultats préliminaires, les baleines migrent dans les eaux béninoises à partir de la deuxième quinzaine du mois d’août jusqu’à mi-novembre (Sohou Z., Nobime G., Tchibozo S. 2001).

Les dernières années, plusieurs échouages des baleines ont étés rapportées par l’ONG Nature Tropical, résultant dans la plupart des cas dans le découpage des baleines par les riverains entreprenant la chasse de l’animal en mer côtière.Que se passe-t-il? On dirait qu’avec la baisse de la production de poissons, les pêcheurs se sont lancés véritablement dans la chasse aux cétacés. Même en état de putréfaction la population se rue sur l’animal pour le dépiécer dans plusieurs cas d’espèces.

En Juillet 2009, Nature Tropicale a été alerté par les Ecogardes de Sèmè Kraké, qu’une baleine à bosse, (Megaptera novaeangliae) morte a échoué à environ 2 km de la frontière Bénin- Nigéria. En Avril 2010, Nature Tropicale a été alerté par le Service Environnement du Port Autonome de Cotonou de l’échouage d’un bébé cachalot (sperm whale, Physeter macrocephalus) sur la plage de Cotonou. Heureusement pour celle-ci, elle a été vite encadrée par le responsable de Nature Tropicale et les agents des Eaux et Forêts. En 2011, il y a eu un échouage d’un cachalot(Globicephala macrorhynchus) sur la plage d’Ekpè.

Parfois, il s’agit d’une espèce de baleine très rare et menacée jamais répertoriée parmi celles fréquentant la côte béninoise pour leur reproduction, comme en aout 2011 quand des pêcheurs se sont jetés sur une baleine à bec de Cuvier (Cuvier's beaked whales) sur la plage de Fidjrossè (Cotonou) au Bénin.

Conclusion

Certaines espèces que nous observons actuellement ne sont pas comprises dans les inventaires précédents. Avec l’augmentation incessante du nombre d’espèces répertoriées au fil des jours, il est nécessaire de continuer des recherches de façon affilée pendant deux ans au moins. Des croisières d’observation sont nécessaires.

La fréquence des apparitions voire échouages ces dernières années doit attirer notre attention afin que nous suivions de plus près les cétacés en sensibilisant la population riveraine sur leur protection. Le Bénin ayant ratifié la convention sur la conservation de la diversité biologique doit faire sienne cette préoccupation en mettant les moyens financiers à la disposition des chercheurs pour aller plus loin dans les recherches.

Il est aussi à remarquer que d’autres espèces sont répertoriées dans les eaux ghanéennes (Van Waerebeek et Ofori-Danson, 1999). Ainsi ils sont également soupçonnés de migrer dans les eaux béninoises. Il est souhaitable qu’il y ait plus de moyens financiers pour pouvoir suivre ces mammifères tout au long de l’année.